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15 mars 2024

Togo : l'ONG ALAFIA met le cap sur l'évaluation des pratiques avilissantes à l'égard des femmes (Dossier)




Au Togo, l'ONG ALAFIA se préoccupe de la stabilité de la vie sociale des femmes. Ces dernières années, celles-ci  font l'objet des pratiques avilissantes dont l'impact commence attirer l'attention des organisations de la société civile intervenant sur la question de la femme. L'ONG ALAFIA a évalué la cette  situation dans la région de la Kara en vue de relever l'ampleur de ces formes de violences dont sont victimes les femmes.


Pour venir à bout de ces pratiques, l’ONG ALAFIA a initié le projet de « Lutte contre les mariages précoces pour l’autonomisation de la jeune fille dans les sept préfectures de la région de la Kara », avec l’appui financier de AWDF ( African Women's Development Fund) basé au Ghana.


Une étude a été menée en amont par  l’ONG ALAFIA  entre 2018 et 2021 révélant que 70% des filles n’ont pas une bonne connaissance de leurs droits et 90% d’entre elles n’ont pas accès aux services existants pouvant les aider. Cette incapacité de pouvoir avoir recours à l’aide amène certaines à se suicider ou à fuir vers les pays voisins. Celles qui ne peuvent fuir se résignent à leur sort sous la pression sociale et l’autorité parentale. Les institutions traditionnelles, administratives et judiciaires ne sont pas suffisamment outillées pour pouvoir créer un cadre de collaboration afin de faciliter aux victimes l’accès aux services d’aide.


Les données de ces etude se  confirment avec les enquêtes réalisées par l’organisation Women in Law and Development in Africa (WiLDAF), où 29,1% de femmes de 20-49 ans au Togo ont contracté leur mariage avant l’âge de 18 ans et 7% de femmes de 15-49 ans avant l’âge de 15 ans.


Les enlèvements sont dans la plupart  des préfectures concernés par ces études. 


Une délégation faisant un suivi à Kantè a relevé des cas orchestrés par les parents ou membres de la famille qui échangent leurs filles contre la main d’œuvre agricole, de dons en espèce et en nature. Il existe aussi des échanges de filles entre familles; et dans certaines localités à Bassar, cet échange est obligatoire. Les victimes sont des adolescentes mineures dont l’âge est compris entre 12 et 17 ans et dont la scolarisation est brusquement arrêtée. 


Dans le cas (chez les Peulh), les  victimes ont souvent entre 8 et 12 ans. Généralement, une grossesse survient après quelques mois de séquestration et de violences sexuelles et physiques. Une situation qui conduit à des maladies et parfois à la mort des victimes. 


Il existe aussi des enlèvements non-arrangés par les parents au cours desquels les filles sont enlevées dans les villages voisins ou parfois même dans les pays voisins tels que le Ghana, le Bénin, et le Nigeria.


Approches de solutions et actions à mener


Il est primordial de revisiter les lois coutumières afin de permettre aux filles de jouir de leurs droits. Les lois étatiques doivent être renforcées afin de réduire la pression sociale et familiale qui intimide les victimes et les empêchent de dénoncer et demander de l’aide.


Une action de changement de mentalité et de comportement doit être menée afin que les parents comprennent l’importance  du  droit  de  la  femme  et du maintien  des  filles  à  l’école.  


Les  leaders traditionnels ainsi que les femmes leaders doivent être outillés pour mieux protéger les filles et les défendre en cas de plaintes portant sur des cas d’enlèvements, d’échanges ou de mariage forcé. Mais la protection ne doit pas être uniquement passive agissant seulement en cas de plaintes car la plupart des cas d’enlèvements se muent en une résignation volontaire n’entrainant aucune plainte.  Un système actif d’alerte impliquant les acteurs principaux de la sphère sociale et sociétale de la fille doit être mise en place afin de détecter les cas, sauver les filles et punir les contrevenants.


Dans la lutte contre les violences faites sur les femmes dans la zone, l’ONG ALAFIA avait déjà réalisé entre 2018 et 2021 des projets qui ont amené les autorités traditionnelles de la préfecture de Dankpen à élaborer puis adopter une déclaration commune qui a  mis fin aux pratiques coutumières néfastes du veuvage. 


Cette déclaration est intitulée « Déclaration des chefs traditionnels, des prêtres et prêtresses des cultes traditionnels, des officiants des rites coutumiers et des chefs de familles de la Préfecture de Dankpen sur les pratiques néfastes du veuvage constituant des formes de violence faites aux femmes ». 


Pour que les décisions de ladite Déclaration soient mises en œuvre effectivement et efficacement, la présente phase du projet vient mettre l’accent sur les actions de sensibilisation auprès de la population afin que les nouvelles dispositions coutumières lors des cérémonies de veuvage puissent définitivement rentrer dans les habitudes et que la Déclaration puisse également contribuer à éradiquer les pratiques culturelles de mariage d'enfants, attentatoires aux droits des filles et des femmes dans la localité; il s'agit du projet "Lutte contre les mariages précoces pour l’autonomisation de la jeune fille dans les sept préfectures de la région de la Kara", mise en œuvre de 2022 à 2024.


Ces projets ont permis aussi de réaliser que ces pratiques néfastes d’échange, d’enlèvements et de mariage forcé sont répandues dans toute la région de la Kara et bien au-delà. Les résultats de cette étude permettent d’envisager d’étendre la compréhension de la problématique à tous les niveaux et dans toutes les préfectures  la région de la Kara.

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