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Vue de l'espace, bassin d'eau pluviale au Carrefour de la République, Agoè-Gbové-Lomé |
Depuis
des lustres, la question de la sécurité en eau est une affaire vitale, classée
au premier rang des priorités en Afrique, surtout subsaharienne, et notamment
la région ouest. Au Togo, des travaux d’aménagement du territoire entrepris
depuis plus d’une décennie a nécessité entre
autre la construction et le renforcement des infrastructures d’assainissement
tels que les bassins de rétention d’eau pluviale. Mais hélas, laissés à leur
propre sort, quelques-uns d’entre eux sont devenus ces derniers temps, des
sites par excellence de suicide pour certains des compatriotes désarçonnés par
le coup du sort tragique de la vie.
La
thématique de l'eau et l'assainissement est l'objectif N° 6 des 17 Objectifs de
développement durable (ODD) adoptés en 2015 par l’Assemblée générale des
Nations unies. Son intitulé complet est : « Garantir l’accès de tous à l’eau et
à l’assainissement et assurer une gestion durable des ressources en eau ». Il
va de pair avec l’ODD N° 2 relatif à la sécurité alimentaire.
Politique d’aménagement au Togo :
le pays a multiplier les bassins de rétention d’eau pluviale
Le
chantier des grands travaux a servi de détonateur pour la construction à une
échelle acceptable des bassins de rétention d’eau pluviale dans le pays.
Dans
le grand Lomé, on peut citer les bassins de CAP Adidogomé, de la zone de
Soviépé, Agoè Houmbi, Agoè Gbonvé, Agbalépédo, Vakpossito , et pas que. Tous
ont la particularité d’être faite en zone urbaine, et donc éloigné des milieux
agricoles. Barricadés par des barres métalliques galva, leur pourtour ont été
recouverts soit du béton, soit des pavés (sol caché). Conséquence, il est difficile de faire usage de l’eau
recueillie pour faire du moins du jardinage et corollaires. Or, les bassins de rétention de CAP
Adidogomé, du rond-point d’Adidogomé, de la zone de Soviépé et Agoè Houmbi
constituent des principales zones à risque d’inondation à chaque saison
pluvieuse.
L’aménagement
de la dépression de la jonction du triangle des rails en bassin de rétention
tampon pour augmenter sa capacité de stockage des eaux pluviales (173 000
mètres cubes). La zone se situe dans la colonne vertébrale des eaux vers le
système lagunaire. Son aménagement faisait partie des actions de la phase
d’urgence du dernier plan directeur d’assainissement de 2014.
Actuellement,
cette dépression joue le rôle de réceptacle tampon des eaux refoulées depuis le
Lycée d’Agoé. Mais, à cause des débits instantanés élevés, elle a débordé lors
des pluies, provoquant des inondations dans le quartier Tokoin Dogbéavou.
A l’heure
actuelle, ce sont les services des sapeurs-pompiers qui s’en servent de temps
en temps pour éteindre les incendies par moment. A part eux, l’eu de ces
bassins est utilisée par l’ANASAP (Agence Nationale d’'Assainissement et de
Salubrité Publique) pour arroser les arbres, fleurs et gazons aux abords des
artères routières.
Du
coup, l’eau qui est emmagasinée reste là, voir même débordante provoquant des inondations
si on se retrouve à un moment où il y a surabondance de pluie. Dans le cas
contraire, elle se dessèche lentement.
Faire des bassins d’eau des mines d’or
pour renforcer la sécurité alimentaire
L’ODD
6 vise un accès universel et équitable à l’eau potable, à l’hygiène et à
l’assainissement d’ici 2030, en particulier pour les populations vulnérables.
Mais l’objectif vise aussi la gestion durable de cette ressource, en termes de
qualité de l’eau, d’usage durable, inclusif et efficace, de protection des
écosystèmes, et mentionne la réduction du nombre de personnes souffrant de la
rareté de l’eau. Cet objectif intègre la notion de gestion transfrontalière de
cette ressource, essentielle à la gestion durable mais aussi favorable à la
paix et à la coopération.
Ceci
dit, au-delà de ce premier rôle attribué aux bassins de rétention d’eau
pluviale, ces ouvrages, dont le nombre a été sensiblement multiplié dans la
Grande capitale Lomé surtout, pouvaient servir à d’autres causes innovantes,
beaucoup plus résilientes. Face au phénomène du changement climatique, il faut
une gestion rationnelle et durable de l’eau
au profit du développement durable des populations, pour leur bien
social et économique.
Se
pose alors la question de leur exploitation, de leur mise en valeur par procédé d’irrigation dans la production
agricole, afin de contribuer au renforcement de la sécurité alimentaire comme
recommandée dans les ODD 2.
Ainsi,
surtout avec le processus de la décentralisation en marche au Togo depuis plus
de deux (02) ans, les collectivités locales telles que les communes, doivent
intégrer dans leur plan de développement, des projets devant transformer ces
bassins de rétention en véritables outils de création de richesse et d’emplois.
Au Togo, il y a certaines périodes où les fruits, légumes et autres coûtent chers
à cause de leur rareté. La solution sera de faire de ces bassins des sites de
production de ces produits de première nécessité pour assurer leur pérennité, et
permettre à ce qu’il n’y est pas d’interruption du fait de l’enchaînement des
saisons.
Pour ce faire, on peut construire une
grande infrastructure à photosynthèse, couplée d’un système d’irrigation qui
draine l’eau de ces bassins.
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Photo à titre d'illustration |
Cette
année 2021 particulièrement, le togolais s’est rendu compte de cette réalité,
les effets du changement climatique étant passés par là. A cause du manque de pluie dans la
capitale Lomé, les populations ont fait face à la pénurie des fruits comme l’orange,
la banane, l’avocat… et aussi des légumes comme la tomate, qui sont très
demandés dans la consommation quotidienne.
Avec
cette politique, on pourra assurer que ces fruits et légumes soient disponibles
toute l’année et non pour une saison. Et cela va contribuer à maintenir les
prix de ces produits bas.
Les
mairies et le gouvernement doivent sérieusement réfléchir sur cet aspect de la
chose, pour le bien-être des populations. Non seulement ça sera un canal de création de
richesse, mais aussi celle d’emplois en faveur des jeunes (plusieurs sortent
des Ecoles d’agronomies chaque année), et va contribuer à réduire également la
pauvreté, conformément aux ambitions du Plan national du développement (PND
2018-2022). Son objectif global est de transformer structurellement l’économie
afin que le pays installe une croissance forte, durable, inclusive, créatrice
d’emplois décents pour tous et induisant l’amélioration du bien-être social.
Soit, d’ici à 2022 : une croissance du PIB de 7,6 % (au lieu de 4,9 % en 2018),
générant au moins 500 000 emplois directs, permettant de réduire l’incidence de
la pauvreté monétaire à 44,6 % de la population et de faire progresser l’indice
de développement humain de plus de 14 %.
Dans
ce PND, l’AXE 2 concerne le développement de pôles de transformation agricole (avec
le développement des agropoles), manufacturiers et d’industries extractives.